
Jacqueline Ngo Manyim-Atéba et Marie-Rose Abomo-Maurin sont les deux femmes, les deux auteures qui ont réunis tous ces textes et organisé le samedi 2 juin 2018 la présentation de ce livre dans le restaurant « El Tio » à Orléans.
Etaient présents à cette première présentation une dizaine d’auteures parmi les 25. Des amis proches, des connaissances sont venus pour écouter, lire et soutenir la démarche. Il y avait bien sur l’adjointe au Maire Béatrice Odunlami qui est la marraine de la manifestation.
Je suis Joanne YANG ( niam Nom Neeb Yaj) ; j’ai écrit deux textes dans ce recueil. Parmi les 25 auteures, je suis la seule femme asiatique d’origine hmong. Pour moi, que l’on écrive bien ou moins bien, là n’est pas le problème ; c’est de savoir que l’écriture permet une liberté d’expression.
Dans le premier texte « la femme hmong », Je voulais mettre en valeur la femme hmong dans tout son être car devenir une femme hmong est un devoir de tous les jours et pas facile à vivre au quotidien. Peu importe l’époque, peu importe l’âge, peu importe son rang dans la famille, peu importe sa façon de penser ; Je voulais faire l’apologie de la femme hmong dans l’essence même de son caractère pour que chacune puisse se retrouver et s’identifier à travers ce texte.
Dans le deuxième texte « Paroles de femmes », je voulais faire état des états d’âme de ces femmes hmong qui ont l’âge de nos mères ; à savoir celles qui ont bien connu la vie et le travail dans les champs au pays. Ces femmes, ces mères qui de par leur éducation ne diront jamais vraiment la profondeur de leurs sentiments soit parce qu’elles ne savent pas soit parce qu’elles sont trop pudiques. Leur attitude parle pour elles et moi je voulais parler pour elles avec mon vécu de femme hmong française.
Dans ces deux textes, il est question de respect, d’admiration, d’amour pour toutes ces femmes hmong qui continuent d’avancer malgré les coups durs de la vie, malgré les contraintes liées à la culture. Elles sont un modèle de force et de sagesse.
Exode
Dans le silence anxieux de la nuit, étoilée pour seul luminosité,
Des familles hmong se regroupant, apeurées et muettes.
Elles dont le cœur balance des ténèbres à la lumière, décidant
Du choix difficile de quitter leurs terres et leurs maisons.
Hmong jusqu’à l’âme, mourir ou vivre, partir et marchant
Pour atteindre un but inexistant, seulement suivre les pas.
Alors, les mots devenant inutiles, les voix un danger voire
Même leur respiration pouvant donner écho aux chasseurs.
Partir avec la mort comme compagnon de route, partir tels
Des fantômes dans l’antre de la forêt prête à les cercler
Par ses esprits errants et ses bêtes mangeurs d’hommes.
Partir en sachant que le pacte qui les sauvera de l’ennemi
Sera le sacrifice du premier cri ou premier sanglot provenant
Des plus faibles et des plus vulnérables membres du groupe.
Et ceux dont la mort a sauvé en cours de route, n’ayant pas
Eu le temps de bâtir leur demeure, reposeront à jamais
Sous un arbre avec comme couverture une broderie de feuillages.
Les survivants devant encore affronter et détourner les colères
Et la faim du dragon invisible vivant dans le fleuve frontière.
Alors les dernières étapes de leur parcours feront des survivants
Des rescapés de la mort, des âmes amputées et hantées jusqu’à
La nuit des temps car ces visions d’horreur et de guerre
Seront leurs compagnons de rêves éveillés ou endormis.
Mais la foi d’un hmong est plus forte que les ténèbres
En donnant jusqu’à la dernière sueur de son front le fruit
De son travail et le cœur de sa solidarité fraternelle innée
Pour reconstruire sa vie en famille et en communauté.
Car tel est son identité de nomade pour chasser l’isolement.
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